Portrait pays

Baobab Madagascar

Lors de ses improbables journées de créations, alors que Dieu achevait les végétaux, il termina son œuvre par un exemplaire majestueux qui aurait été l’ancêtre du baobab. Celui-ci devint un monstre d’orgueil et pour le ramener à plus d’humilité, Dieu l’arracha pour le replanter à l’envers. De sa superbe, il aura gardé son grand tronc renflé mais ne se prolonge dorénavant dans le ciel que par ses racines.


Le Baobab fut décrit pour la première fois par un européen,Prospero Alpino, en 1592 dans De plantis Aegypti liber(Le livre des plantes d’Egypte). C’est également dans ce même livre que le nom de baobab a été employé pour la première fois sous la graphie « ba hobab » qui est devenue au 17ème siècle « baobab ». Il semble que « ba hobab » provienne du terme arabe « bu hibab » qui signifie « l’arbre aux fruits à nombreuses graines ».

Madagascar est le seul pays possédant plus d’une espèce de baobabs (famille des Bombacacées).
En effet, outre le baobab africain (Adansonia digitata), plusieurs espèces de baobabs poussent à Madagascar, surnommés Reniala (la mère de la forêt) par les populations du Sud et du Sud-Ouest, Za, Bao ou Bozy dans le Nord et le Nord-Ouest. Seul le baobab australien (Adansonia gibbosa gregorii) ne pousse pas dans le pays.
Le nom scientifique Adanson a été attribué par le botaniste Bernard de Jussieu (1699-1777) en hommage à l’explorateur Michel Adanson (1727-1806) qui a été le premier à décrire au Sénégal Adansonia digitata.

Mangroves Madagascar

Les mangroves

Si dans la plupart des endroits du globe, les océans rongent le littoral, les mangroves elles avancent sur la mer et la font “reculer”. Les mangroves sont rencontrées dans les zones tropicales de l’ensemble du globe et ses arbres les plus caractéristiques sont les palétuviers avec leurs racines échasses qui leur permettent de s’ancrer au fond et de résister au balancement des marées.


Dans l’ouest de l’océan Indien, Madagascar présente la plus grande surface de mangrove avec près de 330 000 ha dont 97 % sur la côte occidentale. Peu d’espèces d’arbres constituent la mangrove qui est un milieu difficile d’accès, encombré de pneumatophores et de racines échasses, sur un fond vaseux.

Foret malgache

Les forêts et les fourres Malgaches

Fourrés épineux typiques à l’étage sub-aride

Il n’existe pas de réelle saison des pluies, celles-ci n’étant qu’occasionnelles. La pluviométrie annuelle ne dépasse pas 500 mm en certains endroits du Sud Ouest. Si de grands arbres sont encore rencontrés par endroit comme les baobabs ou les tamariniers, la végétation forme un fourré épineux.

Ce fourré est plus ou moins haut, dominé par les plus grandes espèces de la famille des Didieracées ou par des euphorbes au latex blanc, typiques du sud. Parmi les autres éléments remarquables, notons les pachypodes dont certaines espèces peuvent atteindre plusieurs mètres de haut en rappelant les baobabs, ou les kalanchoes (prononcez “Kalankoé”) dont certaines espèces sont localement appelées “grandes oreilles” pour traduire l’étrange forme des grandes feuilles épaisses.

Le long des plus grands fleuves, une forêt galerie peut se développer et elle sera alors dominée par les tamariniers dont les fruits sont appréciés par le Lemur catta. Flore et faune du Sud de Madagascar sont particulières et si les Didieracées peuvent rappeler certaines plantes des déserts mexicains, le fourré épineux du sud de Madagascar est unique au monde, par sa physionomie mais aussi par les formes de vie tellement particulières qu’il abrite.

Fleur de Madagascar

La flore Malgache

La grande île détient un des plus extraordinaires assemblages de curiosités botaniques et faunistiques du monde.Sur le plan botanique, quelques faits et quelques chiffres suffisent à montrer cette richesse :

– L’île possède plus de 12 000 espèces de plantes… … dont plus de 80% sont endémiques (plus de 95% pour le sud et le sud-ouest)

– Il y a 174 espèces de palmiers dont 169 sont endémiques (alors que toute l’Afrique réunie n’en a que 60 environ !!!!). Et les spécialistes affirment que l’on n’a pas tout découvert.

– Madagascar possède entre 1000 et 1500 espèces d’orchidées (là encore, il y en a plus que pour tout le continent africain dans son ensemble) et beaucoup reste à faire chez les espèces épiphytes des grandes forêts denses humides qui restent

– Il y a 6 espèces endémiques de baobabs sur Madagascar alors qu’il n’y en a qu’une en Afrique (que l’on retrouve aussi à Madagascar) et une en Australie.

– Chez le genre Pachypodium, certaines espèces ressemblent tellement à de la pierre qu’en période de floraison, on dirait des rochers fleuris
– Madagascar possède plusieurs familles de plantes qui lui sont propres : les cas de famille de plantes propres à un seul pays sont rarissimes dans le monde. En général, les cas d’endémisme ne concernent que les espèces et non des familles entières.

Reptiles | Madagascar

Les reptiles sont variés et hétérogènes. Si nous comparons les reptiles de Madagascar avec ceux d’Afrique, on constate l’absence de vipère, de cobra, de varan et de python. Par contre la Grande-Ile abrite les deux-tiers des caméléons du monde, qui ici sont représentés par un nombre assez élevé de formes et de couleurs.

Dans une forêt pluviale nous pouvons trouver différentes espèces du genre Calumma, qui sont les caméléons les plus adaptés à la forêt et aussi les plus sensibles au défrichement. Si les espèces de Calumma sont plus ou moins liées au milieu forestier, Furcifer est par contre composé par des espèces en général plus adaptables, vivants aussi dans des habitats altérés et dans les forêts sèches de l’ouest.
L’espèce la plus répandue, le caméléon panthère (Furcifer pardalis), vit dans plusieurs types d’habitats et peut se retrouver aussi dans les zones herbeuses. Une autre espèce, Furcifer lateralis, se rencontre même à Antananarivo. Il faut aussi citer les espèces naines du genre Brookesia, nommées « ranovary » ou « ramilaheloka » en malgache. Ces petits caméléons sont plutôt terrestres et n’ont pas une queue préhensile, comme les autres.

Oiseaux de Madagascar

On raconte …

Qu’un grand feu détruisait Madagascar et que Dieu fit appel aux animaux ailés pour éradiquer les flammes ravageuses. Les perroquets, toulou, corbeau, drongo échouèrent en perdant leurs couleurs. Les chauves-souris, seuls mammifères ailés, réussirent après une longue journée d’efforts mais se reposèrent avant d’annoncer l’exploit que le drongo s’alloua en se faisant sacrer par Dieu “Roi des Animaux”. Dépités, les chauves-souris dorment depuis la tête en bas pour n’offrir que la vue de leur postérieur au tout-puissant.

Qu’en était-il ?

Le feu n’a pas brûlé les plumes des oiseaux de Madagascar mais depuis plusieurs siècles le feu brûle les forêts à une vitesse inégalable avec les phénomènes naturels d’antan lorsque la foudre était seule responsable ! Les colons venus d’Asie vinrent avec la riziculture. Les cours d’eau furent alors modifiés et il semble que l’ensemble du bassin versant occidental ait connu de profonds changements responsables de conditions plus sèches dans le sud ouest.
L’étude des fossiles et surtout des sub-fossiles a montré que de vastes zones humides ont existé dans la région de Tuléar. Sur ces lacs et marais ont par exemple vécu de grands râles aujourd’hui éteints. Bien d’autres oiseaux ont disparu de Madagascar au cours des derniers millénaires : des râles, des vanneaux, des aigles, plusieurs espèces de couas dont le Coua de Delande qui existait encore sur l’île Sainte Marie au XIXe siècle et les célèbres ratites dont les Æpyornis.

Les mammifères de Madagascar

A part les lémuriens, Madagascar abrite une faune assez particulière de mammifères. Avant tout, il faut remarquer l’absence des grands herbivores africains et des grands prédateurs tels que les Félidés. Les zébus sont d’origine africaine ainsi que les potamochères. Parmi les petits mammifères, on peut citer les insectivores appartenants à la famille des tenrecs (Tenrecidés).

Les petites musaraignes du genre Microgale et les tenrecs du riz (Oryzorictes) sont parmi les plus petits mammifères placentaires, et il faut remarquer qu’ils ont une reproduction assez particulière, avec un nombre de petits très élevé. En plus leur maturité sexuelle peut être effective parfois dès l’âge de 2-3 mois. Les espèces du genre Microgale et Oryzorictes vivent surtout dans les forêts de l’Est, où il s’alimentent de petits invertébrés terrestres ou de petits vertébrés. Les espèces plus grandes de la famille des Tenrecidés sont dotés d’épines et elles ressemblent aux hérissons européens, Cette similitude est surtout évidente avec Setifer setosus qui est pratiquement une “photocopie” du hérisson d’Europe, bien qu’ils appartiennent à des familles totalement différentes. Hemicentetes semispinosus, dénommée “tsora” est, quand à elle, une espèce partiellement diurne, et il est facile de l’observer dans les herbes aux alentours de Maroantsetra, au nord-est de Madagascar. Une espèce similaire, H. nigriceps, est par contre typique des massifs montagneux, tel que l’Andringitra.

En ce qui concerne les rongeurs, Madagascar possède des espèces intéressantes, qui appartiennent à la sous-famille des Nesomyinés. Quelques 20 espèces ont été recensées. Le plus connu des rongeurs malgaches est sans doute le rat sauteur, Hypogeomys antimena, qui a comme aire de distribution une petite parcelle de forêt sèche de l’Ouest, à proximité de la ville de Morondava.

Cet animal a la taille d’un lapin. D’après des hypothèses récentes, il semble que cette pauvreté d’espèces soit dûe à la présence des mammifères insectivores, qui auraient déjà occupé des niches écologiques similaires. Les autres espèces de rongeurs sont difficilement visibles. Le plus facile à être détecté est le rat rouge de forêt, Nesomys rufus, et les espèces arboricoles du genre Eliurus (8 espèces actuellement connues).

Copyright ©2024 Sense Of Oceans | Crédits : Christophe ALIAGA